Cette pandémie et le confinement me donnent à réfléchir sur notre façon d’apprendre et notre vision de l’éducation. Le présentiel fait place aux cours à distance grâce aux technologies. Jusqu’ici l’école était un lieu et pourtant certains avaient choisi les cours à distance par obligation professionnelle. Pourquoi l’instruction nous oblige à être présent en un même lieu ? Aujourd’hui la pandémie nous oblige à faire école à la maison. Ne pourrions-nous pas faire évoluer cette vision afin qu’elle puisse s’adapter à chacun ? Chaque enfant pourrait évoluer selon son rythme d’apprentissage.

Un lieu d’apprentissage :
Depuis que l’école existe, nous avons imposé des lieux d’apprentissage par classe d’âge. Bien que nous donnions la possibilité à certains de redoubler ou de sauter des classes, cela n’est pas forcément bien perçu. Les critiques fusent de par et d’autre et l’enfant se retrouve « coincé » par des opinions diverses. Moralement ce n’est facile à vivre. Le système actuel ne lui donne pas la possibilité d’évoluer dans la joie d’apprendre tout simplement. Beaucoup d’enfants voient en l’école une contrainte alors qu’apprendre est pourtant bénéfique à tous. C’est par curiosité que nous apprenons, l’école en tant que lieu bride cette curiosité en maintenant un cursus groupé et présentiel.
En tant qu’adulte, aujourd’hui, je suis curieuse et j’aime apprendre de nouvelles choses parce que je peux choisir mes nouveaux apprentissages selon mes centres d’intérêt et selon mes objectifs. De nos jours et depuis peu, les MOOC, formations en ligne, nous permettent d’apprendre plein de choses à distance et où nous voulons sans avoir de lieu attitré. Depuis tout petite, ma curiosité m’a poussé à regarder la façon dont nous nous développions physiquement et moralement. J’ai étudié de nombreuses pédagogies et celles qui m’ont procuré le plus de joie d’apprendre sont celles qui permettaient à chacun d’apprendre à son rythme. Alors pourquoi ne pourrions-nous pas profiter de cette situation pour faire évoluer notre façon d’éduquer sans imposer le présentiel ?
Apprendre à son rythme :
Il est possible aujourd’hui d’apprendre à son rythme grâce aux technologies actuelles sans nous imposer un lieu d’apprentissage. Il y a peu, je rêvais d’un lieu d’échanges et de partages où nous pourrions faire des ateliers divers autour des arts, du bricolage, du développement personnel et du bien être. De nombreux fablab se développent comme des lieux de coworking mais cela reste destiné aux adultes. De l’autre côté, beaucoup de parents décident de sortir leurs enfants du cursus scolaire classique parce que cela ne leurs correspond plus . Ils choisissent de faire école à la maison ou de créer de nouvelles écoles. Cependant ces nouvelles écoles sont chères et donc inaccessibles aux familles qui n’ont pas les moyens.
Mon fils est au collège, en tant que parent solo en garde alternée, nous n’avons pas eu vraiment le choix du lieu d’apprentissage pour notre fils. Nous faisons de notre mieux mais je sens bien qu’il n’est pas vraiment heureux. Sa joie d’apprendre s’est étiolée ces dernières années à cause de ces obligations. Aujourd’hui, cette situation nous impose le distanciel, il est possible pour nos enfants de faire des cours à distance. Et lorsque nous les interrogeons à propos des cours à distance, ils sont plutôt contents : plus d’horaires contraignants, plus de réveil à 6h30 du matin pour prendre le car, plus de masques à porter toute la journée, plus l’obligation de rester assis toute la journée à écouter des cours magistraux. La seule chose qu’ils n’aiment pas c’est de ne plus voir leurs copains.
Alors est-il vraiment nécessaire d’imposer un lieu d’apprentissage par classe d’âge ? Ne pourrions-nous pas faire de ces lieux des lieux d’apprentissage pour tous par niveau d’apprentissage, par discipline où chacun pourrait évoluer selon son rythme d’apprentissage quelque soit l’âge ?
L’apprentissage selon les neurosciences :
Les sciences actuelles notamment les neurosciences nous permettent de mieux comprendre notre façon d’apprendre mais surtout de connaître quelles sont les meilleures conditions pour apprendre. La motivation est la clé. Cette motivation est liée aussi aux contraintes imposées. Plus il y a de contraintes moins nous sommes motivés.
Céline Alvarez qui a écrit les lois naturelles de l’enfant a mené une expérience inédite. De cette expérience, elle a perçu une autre façon de voir l’enfant et de concevoir son éducation à la maison et à l’école. Elle explique de manière limpide dans son livre, les principes scientifiques qui sous-tendent l’apprentissage et l’épanouissement. Elle partage son expérience, les activités qui peuvent aider les enfants à développer leur potentiel ainsi que la posture appropriée de l’adulte. L’enfant n’est plus perçu comme tel mais comme une personne à part entière qui peut se responsabiliser et prendre part à ses apprentissages à son rythme. Chaque activité est amenée de manière individuelle afin que chacun puisse acquérir la notion associée à l’activité à son rythme. Savoir lire, écrire et compter est personnel et chacun acquière ces savoirs à son rythme.
Un lieu de joie d’apprendre ensemble :
J’ai rêvé d’un lieu où chacun pourrait évoluer, apprendre à son rythme sans contrainte d’âge. Ce lieu serait ouvert à tous et intergénérationnel. Chacun pourrait apporter son soutien aux autres selon son expérience et son expertise. Plus nous apprenons et expérimentons sur une discipline, plus nous devenons expert. Ce n’est plus le diplôme qui fait de nous un expert mais l’expérience.
Ce lieu permettrait d’échanger de partager nos expériences. Les cours magistraux deviendraient des conférences-débat. Certains pourraient être transmis à distance. Les fablab nous permettraient d’expérimenter les sciences ensemble et de les faire évoluer en fonction de nos partages d’expérience et de nos échanges. Ce n’est plus le français qui serait enseigner mais la communication. Ce lieu serait ouvert sur l’extérieur et proche de la nature. Apportons le végétal près de nos lieux d’apprentissage ou apprenons en pleine nature. L’art, la méditation bref le bien être serait un des piliers de ces lieux d’apprentissage.
Et si nous transformions les écoles, les collèges et les lycées en lieux d’apprentissage unique sans distinction d’âge ? Après tout, le livret de suivi des apprentissages est déjà numérique. Laissons nos enfants prend part à leurs apprentissages comme les adultes selon leurs centre d’intérêts et au fur à mesure de leurs objectifs. Arrêtons de nous caser par tranche d’âge !
Dîtes-moi en commentaires ce que vous en pensez et comment vous voyez l’éducation de demain pour nos enfants.
Super article. merci Pauline
Bonne idée! Je suis d’accord que lorsqu’une personne est forcée et obligée de faire quelque chose (que ce soit un enfant) elle ne se sent pas à l’aise et bien dans sa peau. Plus de liberté, de créativité et d’initiative, mais pas d’obligations continues. Merci pour cet article !
C’est sûr que cela serait très chouette plutôt qu’un type d’enseignement qui ne correspond pas à tous.
Merci pour ces belles réflexions